Les problèmes liés aux colères incontrôlables
Les manifestations d’une colère non contrôlable et les comportements agressifs vis-à-vis d’autrui sont une problématique complexe touchant une partie importante de la population. Les chiffres varient selon les études, mais certaines recherches indiquent l’ampleur du phénomène tel qu’illustré. Par exemple, une recherche sur des adultes ayant des problèmes d’alcool, de cannabis et autres substances a mis en exergue les comportements agressifs dans 37,9% (95% CI : 34,5, 41,3) des cas (Meyer, 2000). Aux États-Unis, cette forme de colère impulsive, le trouble explosif intermittent (TEI) toucherait jusqu’à 16 millions de personnes (Rosenbaum, 2005). Ces chiffres suggèrent de ce problème en est un de santé publique.
Les causes des colères impulsives et de l’agressivité sont multifactorielles, (mécanismes biologiques, psychologiques ou environnementaux). En ce qui concerne les dysfonctionnements dans certaines zones cérébrales associés à une augmentation des comportements agressifs impulsifs, ils sont souvent en lien avec une activité sérotoninergique basse. Ces facteurs biologiques peuvent interagir avec des prédispositions génétiques, comme en témoigne la plupart des études soulignant le lien entre une histoire familiale de maladie mentale et les risques de comportements agressifs. Au-delà des facteurs biologiques, l’on observe que le psychologique et l’environnemental sont clairement en cause. Les troubles mentaux comorbides tels que dépression, anxiété et troubles liés aux usages de substances sont associés à une dramatique augmentation des comportements agressifs. De même, les épreuves de vie difficiles sont une source d’accentuation des comportements colériques, au même titre que certains médiateurs relevant d’une psychologie négative où l’on trouve la honte, colère ou encore l’urgence (comportement ayant tendance à réagir sans réflexion dans des situations désorientantes dès lors empreintes d’émotions largement négatives) entre les ruminations et l’agressivité déplacée.
Ces éléments ont ici des relations très intimes avec les problèmes de régulation des émotions, en raison de la difficulté à gérer les émotions négatives, notamment la colère, portant ainsi la personne à agir avec violence (explosions de colère). À ce niveau, il existe des enjeux cruciaux pour l’individu et son environnement face à la violence et à l’agressivité. Pour la personne qui exprime une colère impulsive et violente, les conséquences sont au mieux non négligeables, au pire potentiellement graves. Le plan social n’échappe pas aux effets pervers : des problèmes judiciaires, une éventuelle incarcération, des difficultés sur le plan professionnel ou scolaire. Le plan psychologique est également affecté, puisque se manifestent une fragilisation de l’estime de soi, un sentiment de culpabilité de rang divers, du risque des troubles dépressifs, anxieux, avec une plus grande propension aux conduites addictives. Dans les cas les plus évoqués, l’individu devient plus vulnérable à des conduites auto-agressives ou au projet suicidaire. Il en va pour l’entourage de la personne en difficulté, mais là encore le délicat délai d’ajustement peut aggraver le stress et l’anxiété des proches face à ces comportements imprévisibles et potentiellement dangereux : l’individu crée un climat d’insécurité dans l’environnement familial et professionnel. Ce rapport de force dans les relations transversales peuvent engendrer une spirale adverse, conduisant un individu réactif dans la violence vers des comportements agressifs.
Pour faire face à cette problématique, différentes solutions thérapeutiques existent pour traiter les colères impulsives et l’agressivité. La thérapie cognitive et comportementale (TCC) est ainsi une méthode utilisée pour aider à identifier puis modifier les schémas de pensée et comportementaux conduisant à l’agressivité, en utilisant potentiellement des techniques de gestion de la colère et de résolution de problèmes. Parallèlement, des thérapies, inspirées par la pleine conscience visant à amener à une plus haute conscience du moment présent, amenant un désengagement de l’attention lors de la confrontation avec ses déclencheurs de colère, peuvent apparaître commet comme des solutions efficaces pour diminuer l’impulsivité. Diverses formes de TCC et de pleine conscience, semblent permettre de mieux gérer la colère et l’agressivité avec des résultats encourageants. À ces approches non médicamenteuses peuvent s’ajouter des traitements médicamenteux, tels que les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), ainsi que aussi des stabilisateurs de l’humeur, mais aussi parfois des antipsychotiques, ou encore anticonvulsivants et anxiolytiques.
Des modalités thérapeutiques complémentaires, telles que la thérapie psychodynamique ou la thérapie comportementale dialectique peuvent également s’avérer utiles. La thérapie psychodynamique a en effet pour but d’explorer les causes sous-jacentes de la colère et de l’agressivité dans le passé de l’individu, en remontant jusqu’à son histoire d’enfance. La thérapie comportementale dialectique quant à elle favorisera le développement de compétences pour faire face à la détresse, à réguler les émotions, ainsi qu’à naviguer efficacement dans les relations interpersonnelles. En complément de cela, on peut aussi avoir recours à un style de vie saine pour favoriser un meilleur contrôle de la colère impulsive et de l’agressivité, à savoir une alimentation équilibrée, de l’exercice régulier et un sommeil de qualité qui agiront favorablement sur l’état général de l’individu en abaissant son irritabilité et son agressivité.
En conclusion, le traitement des colères impulsives et de l’agressivité nécessite souvent une approche flexible associant plusieurs les modalités adaptées aux besoins spécifiques du client : l’intervention précoce et un suivi régulier sont requis pour assurer l’efficacité de la prise en charge. De manière holistique (facteurs biologiques, psychologiques et environnementaux), on peut ainsi gérer la colère pour améliorer la qualité de vie de tous.
Liste des professionnels traitant cette problématique:
(7 professionels)
Psychologues
- Chantal Gagné, M. Ps. Psychologue
- Ivan Rodrigo Gonzalez Loyola, Psychologue
- Jean-Sébastien Hogue, Psy.D./Psychologue
- Jérôme Lapalme, psychologue
- Sophie Lennon, Psychologue clinicienne - courriel : sophie.lennonpsy@yahoo.com / cell : 438- 506 2890
- Florence Yvon, Psychologue, Ph.D
Psychothérapeutes
- Sébastien Simard, TS, MSS, Psychothérapeute Membre de l'Ordre des Travailleurs sociaux et thérapeutes conjugaux et familiaux. Permis de psychothérapie de l'Ordre des psychologues du Québec